Tout est brouillon et brouillé

Jeudi 30 avril 20

Avant-hier soir, Anne a voulu me parler d’un article de Michel Dogna un naturopathe qu’elle consulte, de temps en temps, sur le web. Cet ingénieur chimiste s’interroge sur le « blocage organisé de tous les remèdes efficaces contre le cov-19[1] : « ne serait-ce pas un coup des labos qui veulent imposer leur futur vaccin ? »

(La nature organisée, maxi transcendante, « existe » pour Dogna et, donc, en contrepartie, existe aussi, la société maxi transcendante qui organise la vie sociale. Le naturopathe lorsqu’il est chimiquement pur est nécessairement un sociopathe).

En me parlant ce cet article de Dogna, Anne cita l’exemple du carvacol, un composé aromatique que l’on trouve dans le cresson, la monarde, le thym et l’origan. Dogna, le carvacol : plutôt que de continuer à écouter Anne, cela me donna envie de chanter la chanson Colargol. Dissociation. Alors qu’Anne se concentrait pour retrouver, dans sa mémoire, le nom latin d’une plante qu’elle n’avait pas encore citée, je cherchais, de mon côté, à me remémorer à haute voix, les paroles de l’ours qui chante en fa en sol. Désynchronisation soudaine de nos rétentions secondaires[2]. Belle dispute (plutôt primaire). Deux jours ont passé. Anne a retrouvé le nom de sa plante (Artemisia Annua plante utilisée pour le paludisme depuis 2000 ans en Asie). Moi, les paroles de mon animal (c’est moi qui suis Colargol, l’ours qui chante en fa en sol, en do dièse et mi bémol, en gilet et en faux-col. Le roi des oiseaux, vous le savez mes amis, m’a donné un beau sifflet pour faire cui-cui, cui cui cui cui cui cui cui !)

Plante et animal ancestraux : le confinement nous a emportés, ce soir-là, dans une vertigineuse introspection. Nous étions pourtant partis de l’actuel, de notre canapé, de notre interrogation sur la manière dont nous pourrions, si cela arrivait, nous protéger de la tempête inflammatoire que déclenche le virus. Ensuite, il y a eu cette soudaine régression vers d’autres lieux où des êtres de soin furent laissés bien au chaud il y a 50 ans, 2000 ans. Cette régression s’est-elle métamorphosée en progression[3] ? Cela n’est pas encore certain. Nous verrons. En fait, nous n’avons plus que cela, ces temps-ci, pour progresser malgré la régression que nous impose le virus : la vue, le sens, l’odorat, le toucher des bouts des doigts (la perte de ces derniers sens signerait, d’ailleurs, l’intrusion du virus dans nos corps).

Vendredi premier mai 20

6h30: Le démographe Hervé Le Bras, observant la manière actuelle dont est calculé le nombre des contagions dues au covid, fait l’éloge de l’observation clinique. « Plutôt que de raisonner avec des coefficients abstraits (…) il faudrait pouvoir entrer dans le détail de ces contagions[4] ». L’historienne des sciences Lorraine Daston est plus catégorique : la crise actuelle nous catapulte au XVIIe siècle dans ce moment zéro de l’empirisme, un moment « d’incertitude scientifique extrême (où) l’observation (…) prend tout son sens ». C’est vrai que la période nous contraint à aiguiser nos sens « comme si la vie en dépendait [5]».  On ne sait pas trop que regarder, que voir, que compter, que mettre en lien, qu’induire, que déduire. Les indices sont nombreux, mais rien n’est encore organisé. Il n’y a pas de nature, pas de société, il y a surtout, ces temps-ci, de la perplexité. Perplexité sur les valeurs : que privilégier face au virus, le travail, la patrie, la famille ? Perplexité sur les faits : quel mal nous fait-il, par où nous attaque-t-il ?   

Notre perception de l’espace est devenue, elle-même incertaine. Nous nous croyons protégés au centre de la ville : nous découvrons que ce centre est une menace. Nous nous imaginions pestiférés au fin fond de la campagne : nous découvrons que cette lointaine périphérie nous sauve la vie. J’ai souvent aimé citer – à des occasions diverses- une phrase de la production de l’espace d’Henri Lefebvre « tout est brouillon et brouillé [6]». Me voilà donc, encore, contraint de radoter. Mais aujourd’hui, la phrase ne semble pas dévoiler une réalité énigmatique. Cela semble clair et bien en ordre pour tout un chacun (du moindre chef d’État au plus héroïque badaud), tout sur la planète est, effectivement, « brouillon et brouillé ».

La bébête nous brouille et nous rend brouillons. Elle nous fait scruter tous azimuts des signes du terrestre : vers où atterrir ? Vers où se nourrir ? Vers où gambader ? Nos espaces se sursaturent de signes contradictoires et nous ne savons plus où regarder, fuir, régresser, progresser. Panique pandémique ? Contagion d’information qui nécessite comme premier soin la régression vers un calme empirique : observer, sentir, toucher, boire l’artémise, chanter colargol. 

Samedi 02 mai 20

9h : avant la crise sanitaire, on pouvait ne pas voir la gigantesque dégradation du climat. À présent, on voit partout cette minuscule bébête.  Visiblement, la visibilité s’est inversée.  Avant, le « brouillon et brouillé » nous donnait la berlue, maintenant, il n’échappe à aucun hurluberlu. Nous sommes tous devenus « regardants » sur le moindre de nos gestes. Tousser ici, se laver là, respirer dans cela. Comme dans le personnage du livre de l’intranquillité[7], nous sommes plongés dans « la nécessité intérieure de demeurer toujours en alerte, aux aguets, in-tranquille ».

11h : ici à la Coudraie, au milieu de notre quatre hectares de prairies, de verger, de potager. Ici, à l’abri de la pluie, mais avec l’eau potable, l’électricité et internet. Ici, à sept kilomètres du drive Intermarché, l’intranquillité est vraiment relative.

Dans son livre Disparaître de soi, une tentation contemporaine, Le Breton consacre un chapitre à ce plaisir de disparaitre sans laisser d’adresse : « moment de parenthèse, sorte de récréation sociale où les rôles coutumiers cessent de régir la vie quotidienne (…) disparition provisoire et contrôlée qui ne rompt pas les liens qui autorise à souffler un peu ».

Le confinement, c’est comme cela que nous le vivons. Il nous fait être encore plus en contact avec nos « terres », tout en nous faisant disparaitre de la carte où l’on se socialisait habituellement. 

Disparus de nous-mêmes, tout en habitant à la même adresse ; partis loin en vacances dans une campagne d’un siècle passé avec tout le confort domestique du siècle actuel.

Le confinement aurait sauvé la vie de 11000 Européens uniquement grâce à la réduction de la pollution de l’air [8]. Ce chiffre ne prend en compte que les pathologies cardio-respiratoires. S’il permet d’assouvir cette tentation contemporaine évoquée par Le Breton, le confinement est peut-être, en ce moment et en surplus, en train d’éviter quelques chutes de falaise, quelques maladies de mémoire ou, au moins, quelques syncopes.

Dimanche 3 mai 2020

7h50: J’ai l’impression de m’être tellement contredit hier que j’ai du mal à poursuivre ce journal. Je dis que le confinement nous pousse à sentir la terre sous nos pieds et je dis qu’il nous aide à disparaitre de la carte où l’on se socialise habituellement.  Je dis que le confinement me place dans un état d’intranquillité tout en me laissant, enfin, tranquille. C’est paradoxal, mais c’est, après tout, cela que je ressens.

Le perçu n’est pas simple à saisir. Les signes sont clairement brouillés. À défaut de signes, « plutôt des consignes, des prescriptions multiples, interférentes » (encore Henri Lefebvre, même livre, même page). Mettre un masque ou pas et si oui, où et quand ? S’éloigner de chez soi jusqu’où, franchir quelle frontière. Vivre dans un département rouge ou vert ? L’espace n’a jamais été aussi « visiblement » l’objet d’une production.

En tant que citoyen, on ne me prescrit pas (encore) de médicament, mais de l’espace. Cela m’oblige à me concentrer, à être attentif, à mesurer mes pas. Comment mesurer la distance d’un mètre entre moi et le voisin que je peux croiser tout à l’heure lors de ma promenade dans les bois ? Faut-il compter cette distance à partir du buste, des bras ouverts ? Et si le loup y est ? Et comment calculer ce rayon maximal d’un kilomètre autour de mon domicile où je suis autorisé à marcher.

Pour les 100 kilomètres d’éloignement autorisés après le 11 mai, mon compteur de voiture pourra m’aider. Mais ces jours-ci, les outils me manquent. Je suis contraint de me fier à des approximations empiriques. 

Avant-hier, j’ai photographié les différentes plantes de mon jardin. Je ne m’étais pas attardé à observer les fleurs du noyer. L’année dernière, elles ont gelé en avril, mais je ne m’en suis rendu compte qu’à l’automne au moment où j’ai voulu en vain, récolter des noix !

J’ai été un enfant tête en l’air. Je ne regardais jamais là où il fallait vraiment. Adolescent, j’ai d’abord été passionné par l’observation astronomique. Puis, lorsque j’en ai eu « assez » de regarder en l’air, je me suis intéressé à l’observation botanique des plantes de petite taille. Jeune adulte, j’ai fait une sorte de compromis en choisissant un métier où l’on pouvait observer cliniquement des gens.

La technique du journal de bord m’aide à mieux observer. Depuis que j’ai ouvert un journal spécifique pour mes trois ânes, je les observe avec plus d’attention dans l’idée de devoir alimenter ce journal. En fait, jusqu’à aujourd’hui, je n’ai écrit dans ce journal spécifique qu’une page et demie. Mais mon attention, elle, s’est décuplée. L’effet éducatif de ce journal fonctionne alors qu’il est quasiment vide et peu utilisé. Que dire alors, de l’effet de mes journaux effectivement tenus ? L’ouverture de ce journal « terreau » me fait lire quotidiennement des articles sur le thème du confinement, du terrestre. Il m’aide à remémorer des lectures plus anciennes.

J’ai relu, la semaine dernière, le journal de bord de Brassens. Son journal n’est pas très fourni (il écrivait ses « entrées » de journal, aussi, sur ses dictionnaires, ses livres). Il joue pour son auteur, peut-être, le même rôle que son piano de composition. Il lui servait de premier public dans un espace privé : un public totalement bienveillant et réceptif. Dans ce cahier de « brouillon » (il y a des mots indéchiffrables pour un lecteur extérieur) tout est également brouillé : Brassens se répète souvent jusqu’à s’en lasser ou à réagencer ses idées dans des chansons distinctes.

Dans le documentaire programmé récemment sur France 3, on l’entend parler de son impossibilité à écrire de nouvelles chansons lorsqu’il doit se produire sur scène dans les dix jours qui viennent. (Il lui faut se confiner : il a fait construire un studio sous son jardin).

Le confinement me fait comprendre Brassens. Je me rends compte que le report des cours programmés initialement en avril m’a laissé un champ libre pour me lancer dans l’écriture de ce journal. À l’approche d’une intervention pédagogique, je concentre mon attention sur mes connaissances vis-à-vis du thème du cours. Durant ce temps, je mets de côté mes idées hors sujet. Je me concentre sur l’actualité de mes connaissances, plutôt que sur leur potentiel. J’opte pour la rationalité du connu plutôt que pour l’empirisme du perçu.

lundi 4 mai 2020

7h40 : hier après-midi, deux bergeronnettes sur la route à l’affut des insectes piétons. Pas de dérogation. Ce matin, brume plutôt que brouillard.

Lorsque je suis, à la lettre, le bucolique bicamérisme rêvé par Latour dans son livre politique de la nature, je constate qu’une seule de « ses » deux chambres parlementaires semble être au travail ce printemps[9]. Ce moment d’empirisme généralisé nous réunis (nous les distanciés sociaux) dans cette chambre parlementaire où des gens consultent leur propre perplexité.

(C’est peut-être aussi l’inverse qui se produit. De la même façon que le moment hyper synchronisant d’une grande compétition sportive nous fait, tour à tour, être manageur, préparateur, winner, entraineur, ce moment de crise sanitaire nous fait révéler des dons politiques, scientifiques, économiques, moralistes (il me faudrait revenir sur les métiers cités par Latour (1999) pour expliquer cela).

Le virus oblige à tout reconsidérer. L’empirisme est revenu à son degré zéro. Nous sommes devenus collectivement les femmes et les hommes du doute. Toute perplexité n’est plus jugée comme une tare, mais comme une vertu (les commentateurs (élus ou non) utilisent à l’envi (et non sans vantardise) cette expression « ce que l’on sait aujourd’hui »). La régression est telle qu’elle permet d’imaginer toute forme de possible. Le président d’un grand pays peut se demander s’il ne serait pas judicieux d’injecter du désinfectant dans des poumons infectés, un naturopathe peut se demander si les remèdes qui marchent sont gardés secrets pour promouvoir le bizness des vaccins.

Dans ce moment empirique, tout redevient effectivement possible. Je viens de lire qu’avant la découverte des antibiotiques, des médecins ont essayé à la fin du XIXe siècle d’utiliser des désinfectants pour venir à bout des bactéries à l’intérieur du corps[10].(…) Les effets ont été abominables ». Tout redevenant possible dans la pratique de la médecine, il y a des gens, comme-moi, qui respirent de l’huile essentielle de ravensara selon la même logique. L’encyclopédie Wikipédia annonce que le gain occasionné par les obligations vaccinales françaises (promulguée en 2018) est d’environ 0,4%. Cela représente 20 millions (tout de même) à rapporter aux 5 milliards de bénéfices annuelles (tout de même, itou) de l’entreprise Sanofi, par exemple. Tout redevant possible dans la pratique mercantile, la fortune des milliardaires américains se serait accrue de 10 % durant le confinement.

Le moment de perplexité permet d’explorer de nouveaux filons. Mon confinement (commencé en 2013) m’a fait retrouver le sens des sensations, et aussi le sens des directions. Il m’a fait retourner à mon jardin et à mes encyclopédies. Il m’a donné aussi le gout du rangement.  J’ai déplacé ma bibliothèque dans cinq pièces différentes de la maison avant de l’installer dans la grange. Mes outils et objets de bricolage ont voyagé dans les quatre coins de ma grange avant de trouver refuge dans un abri au milieu d’une prairie. Auparavant, avec Anne, nous avions vidé notre maison de ses armoires et de ses meubles à tiroir (une astuce pour éviter de les remplir). Nos journées sont plutôt pleines, mais notre maison est plutôt vide (depuis plusieurs mois, j’écris debout : un siège de bureau me fait trop penser au monde du travail). Si la perplexité engage un joyeux dérangement entropique, le rangement des objets et des idées me permet d’instituer quelques certitudes.

J’ai l’impression que la crise sanitaire me rend à la fois plus perplexe et plus lucide vis-à-vis de mes attaches terrestres. Elle met mon corps en alerte, elle m’oblige à prendre des « mesures » spatiales plus précises. Elle m’éclaire, aussi, sur l’ordonnancement de ces mesures.

L’autre chambre qui complète le bicamérisme de Latour (rien à voir avec une chambre située en haut de la tour d’un château médiéval) est celle où les gens parlementent autour de l’ordonnancement des entités plus ou moins humaines récoltées lors de la prise en compte plus ou moins empirique de l’existant. Depuis le mois de mars dernier, il ne faut pas être spécialement clairvoyant pour remarquer que tout est « brouillon et brouillé » du côté de la chambre des prises en compte (c’est, en fait, sa raison d’être). Il ne faut pas, non plus, tenter d’être un institutionnaliste « patenté » pour saisir que tout est, aussi, « brouillon et brouillé » du côté de la chambre des ordonnancements.

Le site du Haut Conseil de la santé publique met à disposition du grand public ses « avis » en ligne. Premier constat : trente « avis » ont été émis au mois de mars, dix en février, un seul en janvier, quatre en décembre… Deuxième constat : chaque avis est vraiment succinct (rarement plus d’une demi-page : deux fois moins long, donc, que mon minuscule journal des ânes). Troisième constat : ces avis donnent seulement les conclusions finales. Le propos est clair, mais on ne lit pas les brouillons, les débats, les brouilles entre experts. Rien n’est dévoilé, non plus, sur l’organisation de ce haut conseil : comment a-t-il réussi à « passer » de quelques « avis » par mois à plusieurs dizaines ? A-t-il dû séquestrer des experts, débaucher des secrétaires ?  Pourquoi brouiller l’essentiel ? De l’avis d’Anne Marie Moulin (médecin philosophe), la fabrication des avis du Haut Conseil n’est pourtant pas spécialement délirante : « chaque question est discutée d’abord par petits groupes, qui rédigent un premier avis avant de le soumettre à tout le Comité (…) ils sont mûrement pesés et discutés en séances plénières de façon démocratique ». Seul souci, donc : « ceci est assez largement ignoré par le public, à commencer par les médias».  Double brouillage. À la « brouillante » expression du virus, s’ajoute la « brouillante » communication d’une instance étatique chargée de l’ordonnancement de notre perplexité virale.  Autour de nous, du premier mètre intime à nos grands maitres de l’espace public « tout est brouillon et brouillé ». Tout. La vie et la fabrication de « l’avis » lui-même.

Bertrand Crépeau


[1] Michel Dogna, https://micheldogna.fr/pourquoi-le-blocage-organise-de-tous-les-remedes-efficaces/

[2] Les rétentions primaires nous font saisir le flux immédiat du présent. Les rétentions secondaires nous font situer le présent dans une temporalité encore plus large. Les objets techniques, par leur fonction de support de mémoire, forment, quant à eux, les rétentions tertiaires.

[3] Remi Hess présente par exemple ici la démarche régressive-progressive lefevrienne   https://www.multitudes.net/la-methode-d-henri-lefebvre/

[4] Hervé Le Bras https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/30/herve-le-bras-on-entrevoit-trois-stades-de-l-epidemie-de-covid-19-en-france_6038194_3232.html

[5] Lorraine Daston, https://aoc.media/opinion/2020/04/28/covid-19-ou-le-degre-zero-de-lempirisme/

[6] Henri Lefebvre, La production de l’espace, Antrhopos, 2000, p.167

[7] Dans Le Livre de l’intranquillité, Fernando Pessoa écrit le journal intime d’un employé de bureau : Bernardo Soares.

[8] https://www.geo.fr/environnement/des-morts-evitees-grace-a-la-baisse-de-la-pollution-de-lair-selon-une-etude-200579

[9] Bruno Latour, Politique de la nature, comment faire entrer les sciences sociales en démocratie, la découverte, 1999

[10] Anne-Marie Moulin citant Alain Contrepoids, propos recueilli par Raphael Bourgois : https://aoc.media/entretien/2020/05/01/anne-marie-moulin-au-regard-de-lhistoire-le-deconfinement-na-pas-de-modele/

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