Noisetterie (3)

Vendredi 14 aout 2020

10 h : la pluie retombe depuis trois jours. Je marche un peu mieux. Mon genou n’est pas guéri, mais je fonctionne globalement mieux. Ai refait du vélo hier pour presque faire comme la pluie (tomber). Depuis le début du mois d’août, je fais ma séquence de « yoga voix » systématiquement après la sieste. Une demi-heure.  (Lorsque je la programme avant le diner, je trouve toujours des excuses pour ne pas le faire). En commençant les séquences, je suis proche de zéro énergie. Je termine à 100 %. Mais c’est un peu comme la batterie de mon téléphone. C’est un « 100 % » qui semble durer plus longtemps que le 97 % par exemple. Il y a une partie technique de yoga voix qui dure 25 minutes. Ensuite, je passe à une partie plus spirituelle. Je surfe sur l’énergie que j’ai acquise pour entrer en contact avec mes proches « absents » ainsi qu’avec des absents peut-être « proches ».

Cela reste vague. Je ne suis pas très motivé pour identifier précisément les formes de métamorphoses qui m’entourent Ai d’ailleurs tendance à les repousse en bloc. Un essai, tout à l’heure : une visualisation autour de mon genou enflé d’une forme très dure que j’ai ensuite brisée comme un plâtre. Une prière.

À la noisetterie, la terre a souffert pendant la canicule. Longue souffrance. Je me suis senti longuement impuissant à pouvoir lui épargner ce soleil écrasant. Beaucoup de plantes ont littéralement « grillé ». Tous les trois jours, j’ai arrosé les arbres fruitiers ainsi que les potimarrons, les poireaux…

Ces derniers jours, les ânes n’avaient pas, eux non plus, envie d’être approchés. J’ai pu, seulement hier, recommencer à aller les brosser (sauf le plus gros comme d’habitude). Grâce à la pluie, j’ai pu aussi désherber les poireaux et le romarin, la menthe, la mélisse. J’ai ensuite retiré l’herbe qui pousse sur les toiles de paillage.

J’ai photographié les plantes qui commencent à repousser dans la prairie (chênes, centaurées). Avons commencé à manger des potimarrons.

Samedi 24 octobre 2020

Perdu plus de deux mois de journal. Qu’ai-je écrit ? Je me souviens d’une longue variation sur l’expression « pied à terre » : avec « pied » au singulier (c’est plus sûr lorsqu’on descend de son cheval !). L’expression avoir « les deux pieds sur terre » m’avait aussi amusé, mais je ne me souviens plus pourquoi. Je sais par contre que le genou droit est définitivement soigné. Avec les soins « énergétiques », il aura donc fallu deux mois. Cela m’a paru moins long que les soixante jours habituels. Il faut dire qu’un soin à distance de Jade (à 30 jours environ) m’a donné le sentiment d’un basculement. Elle m’a dit que je ne penchais pas assez à gauche. Cela doit être du à l’avancé dans l’âge.

Le rhumatisme articulaire (et le myélome multiple) s’éloigne, mais la Covid-19 approche. En janvier la Chine, en avril, Le Mans. Cette semaine, Lavernat : des « cas » ont été testés positivement chez un arboriculteur.

Ai un peu forcé le yoga voix hier, pour compenser une bonne semaine sans séquence. Voix cassée. On dit que les cordes vocales, « c’est fragile » .

Une petite marche hier. Aujourd’hui, quelques coups de masse sur des piquets. Bonne énergie.

Il y a sept ans, jour pour jour, je soutenais ma thèse.Aujourd’hui, je n’ai rien soutenu de particulier. Ou peut être quelque peu la clôture du pré des ânes. (Ai planté cinq piquets neufs). Il y a 22 ans Anne et moi, sans jamais nous être rencontrés, décidions de nous séparer de notre premier conjoint.

J’ai perdu un morceau de journal, mais j’ai retrouvé, après trois jours de recherche, le marteau-masse. Il était posé sur le bord de la remorque, je l’avais imaginé dès le début de ma recherche, mais je n’ai pas cru à cette image. A l’instant, arrachage de deux poireaux. La semaine dernière, très bonne récolte de pommes de terre. Quelques-unes d’entre cuisent à la vapeur, en ce moment. Ai donné quelques vieilles châtaignes aux ânes. Je compte attendre encore quelques jours avant de donner du foin.

N’ai pas fait de feu dans le poêle cet après-midi. Il fait 19° dans la maison. Mais je le regrette, car, à cette heure-ci -18 h 45- l’air commence à devenir humide.

Lundi 26 octobre 2020

23 h : cet après-midi sieste de deux heures, puis ramassage des dernières noix (deux seaux ). Ce matin, marche d’une heure.Je vais me coucher en me demandant ce que j’ai fait de ma journée. Elle est passée trop vite.

Hier, Jade m’a parlé de l’amusement qu’elle a de jouer avec les énergies. Je lui ai dit que je me contentais de sentir leur présence. Je ne cherche pas plus loin, mais son enthousiasme pourrait m’inspirer. Ce midi, ai encore réussi à détecter qu’il n’y avait pas de courrier dans la boite aux lettres. Je n’utilise plus le pendule, mais le basculement du corps. J’avais comme « code » que le basculement de mon corps vers l’avant signifiait une réponse positive. J’ai inversé ce code le mois dernier suite à mes exercices de yoga voix. (Je me sens dans un état positif lorsque je me bascule en arrière pour me redresser). Ce midi, devant la boite aux lettres, senti un petit basculement de mon corps en avant. Cela voulait donc dire qu’il n’y avait pas de courrier. C’était effectivement le cas. J’avais donc « basculé » juste. Je me dis que ce petit jeu de devinette n’a aucun intérêt. Il me sert juste à savoir si je suis à l’écoute des énergies qui « correspondent » avec moi. Je n’ai pas envie de creuser plus que cela.

Vendredi 06 novembre 2020

Pas de véritable séquence de yoga voix aujourd’hui (juste un peu, ce matin, en marchant dans la forêt). Après trois jours de séquence de jardinage très physique, je me suis posé longuement dans la mezzanine (ai juste planté un pieu de clôture à la clôture du jour). Avant, j’ai couru avec les ânes, car c’était l’heure où ils font les « fous » dans leur pré. Un peu hébétés, les ânes sont restés cois. Alors, pantois, je me suis résigné à leur donner du foin (depuis cet automne, c’était la seconde fois). Le vent un peu froid, l’humidité solide : j’ai senti que c’était le bon soir pour commencer à « vraiment donner du foin ». D’habitude, je me fie au calendrier du début des vacances de la Toussaint. Je vois, en ce choix plus tardif, le signe que je suis plus à l’écoute du temps qu’il fait vraiment.

Je viens de lire que l’hiver commence demain (le 07 novembre) pour le calendrier chinois. Serait-il possible que le temps ici, à Lavernat, soit lié à ce calendrier oriental ? Je n’aimerais pas que cela soit vraiment le cas. Un tout petit peu, cela me suffirait.

Dans la mezzanine, écriture studieuse d’une série de journaux de bord. Ai apprécié de prendre soin de quelques-unes de mes « attentions ».

Me suis penché sur un livre de René Barbier. L’approche transversale, l’écoute sensible en sciences humaines  (Economica, 1997). Un livre déjà lu, il y a quinze ans. Ai recherché quelque chose que j’aurais pu survoler à l’époque, comme un changement de saison que je n’aurais pas bien perçu.

J’ai agrandi le terrain des ânes avant-hier au niveau du verger (jusqu’aux ronces bordant le ruisseau). Je n’ai pas brossé les bêtes depuis quelques jours. Depuis deux nuits, les deux femelles sont à nouveau en « chaleur ». Elles se font entendre dans toute la vallée. Les entendant lors de son dernier passage à la noisetterie, notre cousine Amélie s’est exclamée : « génial ! Elles jouent de la trompette ! ».

Samedi 07 novembre 2020 

Journée de printemps (le calendrier chinois n’est pas si autoritaire que je le pensais). Ce matin en sortant de la maison, surprise de voir Coco venir vers moi. Elle avait franchi la clôture du pré. Elle attendait que je l’aide à aller dans l’autre sens. Pour qu’il n’y ait pas de jaloux, j’ai invité les trois ânes à brouter devant la maison et la grange. Je me suis assis sur une chaise avec ma tablette pour écrire et surveiller mon grand troupeau.

Anne m’a demandé pourquoi je n’avais pas fait un enclos provisoire. Je lui ai répondu que cette séquence de broutage hors du pré m’avait permis de renforcer mon « emprise » sur les bêtes : je leur ai mis leurs licols, les ai dirigées à la longe, les ai fait obéir à la voix lorsqu’elles cherchaient à monter sur le talus ou bien à emprunter le chemin.

Il y a quelques mois, Baba s’est enfui sur la route. Un premier voisin est venu m’avertir. Au premier croisement de routes, il est resté immobile. Impossible de le faire revenir en arrière. J’ai couru vers lui. Baba semblait paniqué et perdu. C’est un autre voisin qui avec le volume de sa voiture m’a aidé à bouger l’âne. Pour Baba, je ne suis pas sûr, pour moi, cela reste un incroyable souvenir : que deux voisins que je croise une à deux fois par an, viennent à quelques minutes d’intervalle à ma rescousse, cela m’a laissé ce jour-là, littéralement « baba ».

Mardi 10 novembre 2020

21 h 10 : encore perdu ce que j’ai écrit avant-hier. Ce journal argile est un journal à trous. Anne a bu de l’argile ce matin pour soigner une aigreur d’estomac. On s’est demandé, hier soir, comment les mini-bonhommes d’argile s’y prenaient pour tapisser un estomac. Avec de petits rouleaux sûrement, mais des rouleaux à quoi ? À tapisserie, à pâtisserie ? Rouler l’argile, quel beau métier ! La semaine dernière Anne a bouché des trous du mur « nord » de la maison avec de vieilles chaussettes, puis de la terre glaise. Le salon du nord où nous dinons le soir est, depuis, beaucoup moins froid.

Aujourd’hui, la forte pluie m’a fait suspendre la réparation de la clôture. Coco est encore sortie du pré cette nuit. Je crois savoir par où elle passe. Mais cet après-midi, plutôt que de poursuivre la réparation de la clôture, ai privilégié la préparation d’une intervention pédagogique d’une journée et demie la semaine prochaine. Le diaporama actuel ne me convient pas. J’essaie de l’adapter à une éventuelle obligation de devoir assurer ce cours à distance. Cela me demande un travail de mise en forme de dingue. Heureusement, j’ai réinstallé mon bureau dans le salon, de façon à pouvoir écrire debout. Je n’ai donc pas complètement gâché ma santé aujourd’hui.

Avant-hier, avec Anne, marche de deux heures dans la forêt. Nous avons parlé d’un projet d’extension de la maison. Ces moments de marche permettent de nous retrouver et de nous régaler. Nous nous en régalons conjointement.

Anne m’a dit qu’elle était malheureuse de me voir travailler à mon ordinateur tout cet après-midi. Elle m’a proposé de préparer le diner à ma place. Ce soir, je devais cuire les pommes de terre, orties, poireaux. Elle a cuit des lentilles et nous avons mangé la première salade de son jardin. Délicieuse.

Jeudi 12 novembre 2020

8 h 20 : les deux premières choses que je fais le matin : je mets mes bottes et j’allume la WIFI. Hier après-midi, Coco s’est encore sauvée. C’est Anne qui s’en est rendu compte. Cela m’a permis de quitter mon ordinateur. Lorsqu’elle m’a vu arriver, Coco s’est directement dirigée vers le portillon du pré. Ai juste eu besoin de lui ouvrir. Une fois dehors et à nouveau en bottes, j’en ai profité pour poursuivre la réparation de la clôture. Quatre piquets de plantés. Le compte me parait maigre. J’ai besoin d’écrire que je n’ai pas fait que cela et que j’ai terminé seulement à la nuit tombante.

Me suis occupé d’une partie de la clôture située au bord de la route. Trois voitures sont passées. Ai salué le président de l’association des chasseurs du coin. Grand sourire. Il ne semble pas fâché par les pancartes « chasse interdite » installées le long de notre petit bois qui longe la route.

Ai travaillé sous la menace sombre des peupliers de mon voisin (de l’autre côté de la route). Ils sont morts et ils font bien plus que de menacer de tomber : ils tombent un à un. La gendarmerie, la mairie, l’assurance : aucun d’eux ne fait exercer la loi. J’enrage. Penser à cela m’a mis de mauvaise humeur au réveil, hier matin. J’ai eu envie de couper moi-même ces peupliers. Après tout, à choisir entre la « loi » qui me tomberait dessus ou ces peupliers, je ne devrais pas hésiter. Ces peupliers « Damoclès » ont gâché mon réveil, mais pas la séquence de travail. Je me suis senti plus serein réellement au-dessous d’eux que, par l’imagination, au fond de mon lit.

Vendredi 13 novembre 2020

Rêve dans une église ou un théâtre. Une chanteuse aux dents de lapin a une voix « surfaite » sauf au moment final où une note me fait me connecter au ciel. Juste avant, je suis un enfant dans une école. J’y suis incognito juste pour étudier les lieux ou pour aider les gens à se diriger. Jean Castex finit par me demander ce que je fous là. Ceux qui l’entourent conviennent qu’il faut sanctionner le discours du 11 novembre prononcé par mon ami F l’an dernier.

Hier soir, Anne a écouté la communication gouvernementale sur la Covid-19. Elle m’écrit « que le ministre demande, à tous ceux qui le peuvent, de télétravailler, pour éviter la propagation du virus : elle s’interroge sur l’urgence et la nécessité de ne pas donner mes cours en ligne, sur les risques encourus, pour moi et mes étudiants de se retrouver dans une salle de classe ». Ai bu du romarin hier. Planté boutures de cette même plante le long de toute une planche. Coco ne s’est pas sauvée. Pas vu de lapins depuis des mois. Hier, n’ai pas donné de carottes aux ânes. Cela se confirme, une poule blanche pond « pour de bon » dans le foin. On a convenu avec Anne que ses œufs seront pour moi. Il n’y a pas de raison. Ce n’est pas seulement lorsque je tente de décrire un rêve que j’ai le droit de passer du coq à l’âne.

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