Fusain d’Europe

Fusain d’Europe, Euonymus europaeus, Celastracées

Jeudi 19 novembre 2020

J’ai photographié ces fruits de fusain d’Europe y a quelques jours et à quelques centaines de mètres du raisin d’Amérique. Contrairement à son voisin continental, le fusain semble, ici, à Lavernat comme dans toute notre Eurasie plus à son aise, plus en nombre et plus en odeur en sainteté. Les pucerons noirs de la fève le vénèrent et la fève, elle-même, s’en énerve mollement. Quoi qu’il fasse, on lui pardonne tout et lorsque l’automne arrive, le Bon Dieu coiffe chacune de ses graines (maladroitement, je trouve) d’un bonnet d’évêque. Quoi qu’il fasse ? Mise à part cette consécration automnale, je me demande ce que « fout » ce fusain tout le reste de l’année à la lisière de mon bois. Je le soupçonne de simplement « pousser ». Les fusains grandissent vite et vivent peu de temps. Ceux qui goûteraient une trentaine de ses fruits, l’imiteraient. J’ai lu cela dans un livre de Jean Bruneton (2001, p.240). Dans un autre livre, celui de Pierre Lieutaghi (1998, p.248), j’ai appris qu’à la moitié du siècle dernier, il y avait des enfants, en France, qui savaient encore « que l’on ne touche jamais à ce qui est poison : la massue, le vermillon du pied-de-veau, les bonnets d’évêque du fusain, les boutons d’or, les cigües du fossé ». Mort, le fusain trouve enfin à s’occuper. Sa toxicité naturelle lui ayant -vivant- épargné pas mal de parasites, il s’est évertué, par le passé et par-delà son trépas, à trucider pas mal de poux sur la tête des enfants puis, par un saut de puce épouvantable, sur la tête de pas mal d’évêques qui ne savaient toujours pas, même à la moitié du siècle dernier, que l’on ne touche jamais à un enfant. Après trente minutes dans les flammes (mais à l’abri de l’enfer dans une boite en fer), le fusain ressort tout disposé à imaginer la couleur noire et à nous rappeler qu’il est de la famille des « c’est là ce tracé »(Celastracées). Il doit son nom « commun » au fuseau que l’on fait tourner de la main droite si l’on est droitier et si l’on souhaite filer autre chose qu’un mauvais coton. (Dans ce cas-là, la main gauche fixera franchement la quenouille.) Un vrai travail de fourmi ! Avide de pucerons et de travail au noir, ce sont d’ailleurs elles qui se chargent de disperser et de semer les graines des futurs fusains qui sont certainement en train de germer à l’orée de mon bois européen.

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