Abcd’r 1pliké (1er G)
Un abécédaire (du travail social) impliqué… un premier jet. Des bribes de récits écrits sans prétention à l’occasion d’un cours sur le travail d’équipe au début de notre formation d’ Accompagnant.e Éducatif.ve et Social.e (AES). Des lettres absentes…
Alexandra, Alexis, Camille, Chantal, Coralie, Corinne, Cindy, Élise, Isabelle, Nicolas, Nicolas, Océane.
Confiance
e souvenir d’un accompagnement le matin avec une personne atteinte de la trisomie 21 : mon rôle est de l’accompagner, de la stimuler avec des mots et des gestes afin qu’elle puisse réaliser une bonne partie de sa douche en autonomie. Je l’aide pour le dos, les cheveux et les jambes, car ses mouvements sont très limités. Lorsque j’utilise l’humour, cela la détend. Il me faut faire cela précisément pour qu’elle soit en confiance. Élise (nov. 20)
Doucement (avec les résidents)
e statut, stagiaire dans un hôpital local dans un service EHPAD, on me confie l’accompagnement d’un résident en fauteuil roulant (suite à une diminution de la mobilité de ses membres inférieurs). Quand je la réveille, j’ouvre la porte, je me mets de façon à ce qu’elle puisse me voir et je la réveille doucement en lui parlant doucement et en lui caressant le bras. J’attends qu’elle soit bien réveillée pour allumer la lumière : chose qu’elle fait elle-même de son lit d’ailleurs. Je l’accompagne pour sa toilette intime, pour l’habillage du bas, pour le transfert de son lit au fauteuil puis de son fauteuil aux toilettes et enfin des toilettes à son fauteuil afin qu’elle finisse sa toilette du haut seule devant le lavabo. Corinne (nov. 20)
Doucement (avec les collègues)
ailleurs, lors de notre réunion hebdomadaire la façon dont les références étaient définies a été évoquée. Jusqu’alors, le chef de service choisissait les résidents dont les professionnels étaient référents. J’ai demandé s’il serait envisageable que les résidents aient le choix de leur référent.Cette question a scindé l’équipe en trois : ceux qui y étaient complètement opposés (dont cela semblait leur faire violence), ceux qui s’interrogeaient et ceux qui y adhéraient d’office. En dépit de la tension occasionnée, j’ai nourri cet échange, car cela me semble être un véritable axe de travail afin d’avoir un accompagnement le plus opérant et le plus adapté. Pour autant, chacun a été écouté et toutes les critiques et des objections ont été prises en compte. Pour une cohésion d’équipe, l’approche frontale ne me semble pas adaptée, c’est pourquoi les résistances et les défenses de certains doivent être prises en considération, tout comme leur rythme. Ce changement devra, me semble-t-il, s’opérer dans la durée afin que cette progression puisse voir le jour. Nicolas (nov. 20)
Doute
onc, si j’avais un pouvoir pour détruire une équipe, j’insufflerais sur elle le dogmatisme, le rejet doute et de la critique. L’objectif de base est de satisfaire les besoins des usagers, mais mon « poison » ferait que chacun agit comme il le souhaite sans être contredit et sans que personne s’oppose à ses actions même si elles sont infantilisantes, déplacées, irrespectueuses, etc. Au moment où je me mettrais à regretter mon mauvais sort jeté sur l’équipe, je proposerai comme antidote ; le scepticisme (refus d’admettre une chose sans examen critique). Alors, les professionnels se remettront en question collectivement. Chaque professionnel au sein d’une équipe acceptera les remarques des autres afin de pouvoir améliorer ces pratiques professionnelles. Chaque acte que nous avons l’habitude de faire sera interrogé. Est-il correct ? Peut-il altérer l’objectif de base fixé ? Coralie (nov. 20)
Gendre idéal
rand dieux, je suis, alors, animateur dans une résidence-autonomie pour personnes âgées autonomes ! Après avoir mené plusieurs activités collectives, je remarque qu’une résidente vient aux activités, mais ne s’exprime pas dans le collectif. Je l’interroge en aparté pour savoir si les activités lui plaisent ou lui apportent quelque chose. Elle me dit que oui, mais qu’elle n’est pas très à l’aise en groupe. On décide alors ensemble la mise en place hebdomadaire d’une activité individuelle. Cela consistait en une lecture de journaux et en des discussions et des débats, à deux. Cela sembla lui plaire. À la fin d’une séance, elle me remercia et me dit que je ferais vraiment un bon compagnon pour sa fille. Mon statut était donc celui d’animateur. Ma fonction fut de mener une activité de discussion pour cette personne. Le rôle qu’elle m’attribua fut celui de gendre idéal ! Alexis (nov. 20)
Genre idéal
énial ce métier de travailleur social ! C’est pour moi une reconversion professionnelle. J’ai exercé le métier d’imprimeur pendant 17 ans. J’ai rencontré pendant toutes ces années de grandes difficultés dans mon équipe. J’ai littéralement perdu confiance en moi, ma grande sensibilité n’a jamais été comprise. C’est un métier hypermasculin et surtout très rustre. Je ne voudrais pour rien au monde retourner dans le secteur de l’industrie. J’ai fait un travail de développement personnel : gestalt, hypnose, sexologue. Cela m’a permis de revisiter l’image et la représentation que je me faisais de l’homme. J’en ai une tout autre définition à présent et arrive à trouver des représentations masculines qui me caractérisent : Luchini, Frédéric Lenoir, Alexandre Jolien j’ai renoué avec mes valeurs que j’ai intimement au fond de moi, c’est-à-dire l’image d’un homme qui a des sentiments, de la sensibilité, du féminin sacré, etc.. J’aime cette sensibilité que j’ai en moi et je sais que cela sera une force exercer mon nouveau métier. Nicolas (nov. 20)
Franchise
ranchement ? Lors de ma première journée à l’UPAD, on m’a proposé d’accompagner des résidents à mobilité réduite au rez-de-chaussée. Je devais prendre l’ascenseur avec eux afin qu’ils puissent bénéficier d’une activité. Un groupe de musique se produisait dans le jardin. Cette animation avait été choisie par l’animatrice référente. J’ai veillé à placer les résidents en fauteuil roulant devant, j’ai proposé une casquette à certains, une couverture à d’autres, j’ai demandé à chacun s’ils étaient bien installés ou bien s’ils avaient besoin de quelque chose. L’animatrice est venue vers moi me demandant si je pouvais aller chercher d’autres résidents, à d’autres étages. Le souci, c’est que je ne connaissais pas la structure ni les résidents ! J’ai refusé gentiment, lui expliquant que je venais tout juste d’arriver, pour un stage découverte dans un rôle AES. Chantal (nov. 20)
Manucure
oi, au cours de mon stage d’A.E.S, j’ai pu faire la rencontre ainsi que la connaissance de nombreux résidents, dont une personne en particulier, une jeune femme nommée Jacqueline, coquette de nature, féminine, avec un besoin constant que l’on s’intéresse à elle et que l’on dise sans cesse qu’elle est belle, au moins dix fois dans la journée ! Je me suis demandé si elle avait vécu dans sa vie « certaines choses » qui l’ont surement poussée à avoir un manque affectif, un manque de confiance en elle, ainsi qu’un besoin démesuré d’avoir sans cesse envie qu’on lui parle, qu’on s’occupe d’elle ? Mon questionnement n’était pas superflu. En discutant avec mes collègues à son propos, j’ai eu la confirmation que Jacqueline avait un début de vie difficile avec ses parents, puis en couple (avec un homme assez macho), elle n’a jamais ressenti la reconnaissance et l’affection des personnes proches de son entourage.Elle venait donc très souvent solliciter les aides-soignantes, pour ses tenues du jour, pour entendre qu’elle était belle, pour sa machine à laver ou bien sa télévision qui ne fonctionnaient jamais selon elle, (alors que tout fonctionnait à merveille), pour que l’on vienne chez elle histoire de discuter, pour nous montrer ses bijoux et, aussi, pour lui mettre du vernis à ongles…
Prise par leur travail ainsi que par les autres résidents et connaissant le « phénomène » Jacqueline, les aides-soignantes avaient pris l’habitude de la renvoyer gentiment. Un jour, Jacqueline vient me parler et espérant plus de disponibilité. Et effectivement, grâce à ma position de stagiaire, j’ai pu proposer un moment de discussion où nous avons parlé de tout et de rien. Avec accord de mes collègues, je lui ai, ensuite, proposé une séance manucure. Je me suis dit que pour son moral cela pourrait peut-être lui faire du bien. Me voilà donc à faire une petite séance manucure avec Jacqueline, juste un petit après-midi entre deux femmes. Jacqueline eut un sourire jusqu’aux oreilles, des discussions à n’en plus finir, super-contente de son nouveau vernis, elle s’est mise à le montrer à tous les résidents qui passaient en disant : je suis belle hein ! Elle m’a remercié un bon nombre de fois. Bon, je me suis fait avoir, car chaque semaine au même jour, Jacqueline est venue me voir me disant : c’est aujourd’hui on change le vernis, on retourne discuter ! J’ai acquiescé ! Et alors, peu à peu, d’autres dames se sont invitées à notre table de manucure et à notre petit moment de partage. À la fin de mon stage, nous étions très nombreux. J’avais l’impression de m’être recyclé en esthéticienne. Cindy (nov. 20)
Présence
endant ce stage, je suis allé acheter des vêtements avec un résident.Pour mener à bien cet accompagnement, le résident avait besoin de ma présence. Afin d’être sûr de pouvoir l’accompagner, je devais voir avec le planning professionnel s’il y avait assez de professionnels sur site pour que je puisse m’absenter. Mon rôle était donc de conduire le résident en véhicule au magasin de vêtements, et de l’aider au moment du paiement (car il a des difficultés à compter son argent). Camille (nov. 20)
Rediscuter
.A.S ? Si AES dans un foyer de vie accueillant des adultes souffrant de déficience intellectuelle ! Je dois animer un atelier chant avec quelques résidents qui adorent cette activité. Dès le début de la séance, un des résidents quitte la salle et s’isole dehors. Je le rejoins pour comprendre ce qu’il se passe. Il me dit faire une crise d’angoisse, et commence à paniquer. Je confie le reste du groupe à une collègue et décide de prendre un temps avec lui. Il m’explique ses angoisses qui sont en lien avec un incident (paroles violentes envers la veilleuse de nuit). Incident qui a eu lieu une semaine auparavant au foyer et pour lequel il a été repris par la cheffe de service. Je comprends alors qu’il faut qu’il rediscute de cet épisode « non digéré ». Nous nous rendons donc ensemble auprès d’elle et après une discussion de vingt minutes, il en ressort apaisé, rassuré et avec l’envie de chanter ! Isabelle (nov. 20)
Remplaçante (enviée)
este que pendant une année j’ai travaillé tous les weekends et jours fériés ainsi que quand il y avait besoin d’un remplacement ! Je n’étais pas diplômé et c’était ma première expérience professionnelle. Lorsqu’est arrivée la période d’été, l’établissement m’a proposé un contrat de remplaçante à temps plein (ils étaient contents de mon travail). J’ai accepté non seulement parce que le travail me plaisait, mais aussi parce que je ne me voyais pas laisser mes collègues (avec qui je travaillais depuis un an) dans le pétrin. Mais, étant donné que je les remplaçais sur leur poste, j’ai « pris » leurs horaires ! (Je n’étais qu’une remplaçante et j’avais des horaires qu’ils auraient voulu avoir). Cela n’a pas du tout plu à certains ! Océane (nov. 20)
Transversalité
out, moi-même : infirmière, cuisinière, tortionnaire, actionnaire, adversaire, allocataire, ambulancière, somnifère, pour ma mère (si si), binaire, libraire, poissonnière (évidemment), pépère, buandière, trentenaire, puis quarantenaire, un jour cinquantenaire enfin j’espère, coéquipière, de travers, dernière, mais aussi première, en enfer, étrangère, ouvrière, mais jamais fonctionnaire, grossière, exemplaire, stationnaire, en guerre, passagère, partenaire, avec mon père puis sans mon père, un jour grand-mère, lunaire, mammifère, expert, mensongère, nourricière, en l’air avant d’être par terre ou par terre avant d’être en l’air, jardinière, héritière…….. J’arrête d’en faire. Alexandra (nov. 20)
Vite
oyez-vous, lorsque j’ai commencé la formation d’AES, je me suis aperçue que pour maintenir l’autonomie des résidents, il me fallait les « laisser agir » au maximum. J’ai ainsi pris plus de temps avec les résidents au moment de la toilette pour qu’ils puissent faire le plus possible leur toilette au lieu de faire à leur place. Je me suis rendu compte que cela permettait, en surplus, aux résidents d’acquérir de nouveaux acquis. Je me suis rendu compte, aussi, que cette autonomie et ces nouvelles acquisitions se manifestaient uniquement lorsque l’ensemble de l’équipe laisse agir, de concert, les résidents. Or, c’est loin d’être le cas. Lorsque je les ai interrogés sur ce point, mes collègues m’ont répondu qu’ils n’avaient pas le temps de laisser plus d’autonomie même s’ils avaient conscience que c’était le but de l’UPAD. À ma place d’apprenti, j’ai la chance de m’occuper seulement de trois personnes, ce qui me laisse, effectivement, énormément de temps. J’ai compris leur réponse, car avant d’être en apprentissage j’étais remplaçante. J’avais, alors, le même temps qu’eux pour m’occuper des résidents et je constatais que c’était infaisable de leur laisser une certaine autonomie (ou alors, c’est par défaut, en laisse certains se débrouiller seul sans pouvoir vérifier s’ils se mettent en danger ou s’ils font correctement leur toilette). Je trouve ça dommage d’avoir compris leur réponse, car ça montre la réalité de terrain. Je profite donc de mon apprentissage pour donner la chance à tous les résidents de profiter de leur autonomie en m’occupant de résidents différents chaque jour. 0cèane (nov. 20)