Répliques
Vendredi 13 mars 2020
Fausse nouvelle…Propagation de fausses nouvelles…
C’est quoi cette note d’alerte ?! Sur le coup j’ai cru à une blague..
« L’effondrement des prophéties » … Si seulement c’était vrai !
On a déjà suffisamment de quoi s’occuper avec les coups tordus du temporel pour ne pas se mêler des embrouilles surnaturelles.
Une petite fantaisie sans prétention qui se lit en deux temps trois mouvements : elle est où l’affaire? La menace à l’ordre public ??
Un vendredi 13 on peut s’attendre à toutes les tuiles : une erreur d’aiguillage, une provocation, un test..Je suis monté voir le chef pour en avoir le cœur net et me faire confirmer le sérieux de la commande.
Affirmatif m’a t’ il dit. Mission de toute première urgence. L’ordre vient de haut.
De l’ haut de là ? Pas encore mais juste en dessous. Le Vatican?
Non la présidence de la République. De la République Française ?!
Moi qui croyais que les Lumières étaient encore allumées dans les étages… Remballez vos commentaires : en tant qu’agent assermenté vous n’êtes pas payé pour bavasser au cas où vous l’auriez oublié. Je vous demande de mobiliser vos états de service, pas vos états d’âme. Rompez !
Depuis le temps que je navigue dans les eaux discrètes du renseignement je suis rompu aux éclats de voix de la hiérarchie, à ses décibels qui montent en proportion inverse de l’intérêt de la mission à nous imposer. Mais cette fois, je suis soufflé par le régime de hautes pressions qui doit régner en altitude autour de cet objet littéraire non identifié pour mettre mon boss dans cet état.
Mardi 17 mars
J’avais pris le temps de relire le texte incriminé pendant le week-end et n’y avais toujours pas trouvé de quoi fouetter un chat.
Ni motif à laisser tomber mes dossiers en cours.
Mais depuis hier soir officiellement « nous sommes en guerre ».
Difficile de nier que ça change la donne.
Je comprends mieux la fébrilité qui a pu s’emparer des hautes sphères.
Le branle-bas de combat est rarement le moment propice à la nuance. Il va vraiment falloir garder la tête froide pour faire la part des choses entre le texte et le contexte.
Alors tu vas me faire le plaisir de ne pas déroger à tes bonnes vieilles habitudes
Te laisser porter par l’instinct
Noter tout ce qui te passe par la tête, y compris les yeux et les oreilles
Et consigner tout ça dans ton journal de bord avant de voir comment en extraire de quoi faire un rapport en bon uniforme…
Jeudi 19 mars
Est-ce l’écrivain ou l’écrit qui dérange? Ou bien les deux mon Général ?? L’auteur, un bien grand mot: le Net n’est pas bavard à son sujet. Aurait-on affaire à un furtif ?
En tout cas les collègues sont formels : il n’a jamais été fiché S, même depuis l’extension du spectre de la clientèle qu’on tient à l’oeil.
Aucune trace dans nos services. Pas davantage de précédents de publication littéraire à son actif. L’information m’a été confirmée par mon indic préférée qui est du métier s’il vous plaît.
Alors comment cette petite fantaisie a t’ elle bien pu se frayer un chemin jusqu’au faîte de l’Etat sans aucune notoriété publique?
En passant sous le manteau? Et si oui le manteau de qui ? De l’auteur lui-même, ou bien d’un complice, ou bien d’un manipulateur qui l’aurait doublé à l’insu de son plein gré ?
Au niveau de Beauvau, on bien encore plus haut, dans une tour du Château ?
Une tour peut en cacher d’autres. En remontant la filière tu risques de lever de nouveaux lièvres. Pas sûr que ce soit très malin de s’engager d’entrée de jeu sur cette voie…Ne jamais oublier que quel que soit le calendrier, on est toujours en pleine campagne.
Mes collègues du fichage partagent le même avis : pas question de mise sur écoute à ce stade. En revanche quartier libre pour s’intéresser au contenu du texte et jauger son potentiel déstabilisant dans l’opinion.
Merci bien les amis mais je me permets de vous rappeler que ce texte n’a pas encore été publié. Vous me voyez proposer au chef de me lancer dans la télépathie pour souffler des extraits dans des cervelles disponibles et les sonder sans laisser de traces ???
Je sens venir la prise de tête; convenons que ça suffit pour aujourd’hui.
Vendredi 20 mars
La nuit ne m’a porté aucun conseil mais une angoisse de plus que j’avais complètement refoulée: avec le confinement on fait comment ????
Lundi 23 mars
N’en déplaise à mon inconscient, pas de blocage en vue. Les services viennent de m’assurer que la Loi d’instauration de l’état d’urgence sanitaire promulguée ce jour ne va pas changer grand chose pour ce qui nous concerne. Par acquis de conscience, j’ai passé les consignes en revue.
Dérogation pour circuler? Pas de souci : j’ai déjà l’ordre de mission qui va bien et son extension pour mon réseau d’indics.
Gestes barrières ? Le port du masque, le moins que l’on puisse dire c’est qu’on a l’habitude. Et vu qu’il n’est pas obligatoire on aurait même plutôt intérêt à ne pas en rajouter.
Le contact sans contact ? Dans notre métier difficile de prétendre que le concept nous prend au dépourvu. Depuis belle lurette, on peut se monter des petites visioconférences sur mesure, sécurisées et enregistrées comme on sait si bien faire avec notre propre logiciel, une petite fierté maison qu’on a affichée sur un poster au dessus de la machine à café tout en élégance : « mieux que Google la plate-forme Pournotgueule !»
NB Penser à décrocher l’affiche. Le chef nous a fait savoir la semaine dernière qu’il n’appréciait plus la plaisanterie. « Le big data c’est notre pain quotidien. Alors on fait gaffe aux GAFA ». Il a de ces formules parfois.
Jeudi 26 mars
Hier j’ai retrouvé mon indic de libraire avec qui je fais de temps en temps un jogging loin des micros et des caméras, mais si mais si on y croit. En petites foulées j’ai pu la briefer sur mon dossier sans m’essouffler ; et lui soumettre l’énigme qui ne me lâche pas depuis plusieurs jours : comment savoir ce que la population pense d’un texte dont elle n’a pas encore connaissance ?
Sur le coup j’ai cru qu’elle allait se bloquer en apnée et faire un point de côté mais l’animal a du répondant; dans le dernier tour elle a fini par me lâcher :Et si on montait des ateliers de lecture confidentielle genre une grande maison d’édition souhaite recueillir en toute discrétion l’avis d’un panel de lecteurs avant de lancer la campagne de promotion d’un inédit ?
-Un délit d’initiés dans la spéculation intellectuelle ? ça nous changerait
-A condition de soigner notre couverture pour ne pas se faire démasquer
-Ni encore moins se faire doubler
– Le principe de précaution d’accord mais de là à verser dans la parano -Autant vous y faire la paranoïa chez nous c’est d’abord classé compétence quand on débute avant de passer maladie professionnelle au fil des ans: on n’y échappe pas.
-« On n’y échappe pas » c’est justement le titre du dernier Boris Vian, un posthume d’enfer qui vient de paraître. A mon avis une bonne lecture pour vous détendre.
-Vous croyez vraiment que c’est prudent pour un agent de la fonction publique de fréquenter l’auteur du Déserteur au moment où le pays vient de rentrer en guerre ?
-Vian est aussi un auteur de romans policiers ; qui plus est multirécidiviste dans le recours à des pseudos pour brouiller les pistes : autrement dit quasiment un collègue non? Et puis il fait partie du gratin des écrivains programmés par l’ Education nationale. Tout ce qu’il y a de plus républicain. -Pourquoi pas après tout
Jeudi 2 avril
bisonravi100@folibrairie.org???
Je commençais à m’inquiéter de ne pas avoir de nouvelles de la collègue mais j’avoue que son mail sibyllin ne me rassure pas pleinement. J’espère au moins qu’il ne s’agit pas d’un poisson d’avril poisseux en retard de livraison. Il faut qu’on parle.
Il va bien nous falloir un pseudo pour monter notre opération en toute sécurité N’est-ce pas?
Bisonravi : c’est l’un des anagrammes de Boris Vian.
Et 100 pour saluer son centenaire qui tombe cette année. Sympa non pour nous permettre de rester dans une veine souriante par les temps confinés qui courent -Et folibrairie ?
-Le nom de l’association qu’on vient de créer
-Qui va nous servir de support pour organiser nos ateliers de lecture je présume – On ne peut rien vous cacher. Folibrairie un projet fou fou fou qui fait le pari du livre papier à l’heure d’Internet le pari de la librairie indépendante à l’heure d’Amazon
et le pari de la lecture posée dans un monde d’après à tout sauf à penser Qu’est-ce que vous en dites ?
-Qu’il n’y a pas qu’en joggant que je commence à douter de mes capacités à vous suivre…
Vendredi 3 avril
Nuit blanche. Sentiment de flottement.
Impression de perdre le fil, de partir à la dérive.
Pourtant habitué à en voir passer des tordues des affaires. Et autrement rock n’roll.
Un coup de fatigue, de déprime? Les premiers effets du confinement?? Ou bien le venin de ce texte sournois qui t’annonce que ton monde va s’effondrer; tout en te laissant croire que rien n’est sûr, que de toute façon ce n’est pas pour tout suite, au moment même où la catastrophe déferle, te prend de court et fait trembler tout le monde???
Le morbide, le malsain, les méli-mélos du vrai du faux
La ronde des héros et des salauds
Je pensais pourtant être vacciné
Toute cette noirceur qui s’affiche en pleine lumière
Mais surtout la peur, la peur à cette échelle
Et la pire, la peur de la peur. Celle qui te tue sans que tu meures
Samedi 4 avril
Caler dès les premières crampes je ne vous reconnais pas. Ne faites pas semblant de tousser, la maladie qui vous guette ce n’est pas le Corona ni la paranoïa, c’est la paresse. Des années à brasser de la prose technique, économique, juridique, géostratégique, diplomatique et toute la clique.
Et soudain s’aventurer sur le terrain de la littérature c’est la panique.
Tout simplement parce que ça bouscule vos habitudes d’écriture à la peau lisse Jongler avec les mots pour vous c’est tout juste bon pour les saltimbanques.
Monsieur aurait-il peur du ridicule devant les collègues ? C’est vrai que dans un quotidien d’espionnages industriels, de fraudes fiscales, de commissions occultes…un soupçon de poésie … Sauf que ce bison fûte-fûte peut charmer les partisans de la cause animale et de la biodiversité qui sont aussi friands d’effondrement non? Et que le côté peluche du bison ravissant c’est du bon enfant tout ce qu’il y a de plus professionnel pour endormir son monde.
Justement j’ai passé toute ma vie à jouer à cache-cache avec les loups.
J’en ai marre d’avancer masqué.
A la bonne heure ! Monsieur reprend des couleurs.
Demain c’est Pâques oublie les cendres
Essuie la suie et suis la vie
L’avis de qui? De mon chef ou de ma tête ?
Ni l’un ni l’autre: prends cette histoire à coeur
Dimanche 12 avril
A quoi bon faire semblant de faire semblant
Le verbatim des ateliers pourquoi se tordre les méninges pour le capter
On n’a qu’à l’inventer pour de vrai
Vous ne trouvez pas cette chute un peu lourde
Voire indécente
Mettre en scène l’effondrement d’une tour aux Etats-Unis
Quand on sait ce qui c’est passé à New York
Ce n’est jamais que la possibilité d’un tremblement de terre à Los Angelès
L’une des villes les plus exposées du monde
Pour le coup le scenario est plutôt réaliste
D’actualité tu veux dire
Les gens confinés dans leur appartement
Les masques,
Une déclaration de guerre Les J.O. annulés Les avions en rade…
Et se dire que ça a été écrit en 2019
Quelques mois avant la pandémie
Justement trop de prémonitions à mon goût
Qu’est-ce qui te prouve que cette histoire a été bouclée avant le Corona
La date indiquée sur le tapuscrit
Parce que tu crois sur parole ce qu’affirme un auteur de fantaisie
Moi aussi j’ai du mal à y croire
Pas moi. L’auteur ou l’auteure a très bien pu faire partie des initiés
Des gens qui savaient dès 2019 que le Covid arrivait
On aurait voulu nous faire passer le message sous le manteau
Un lanceur d’alerte masqué en quelque sorte
Une version positive de la théorie du complot
On peut ironiser mais ça paraît plus plausible que d’en faire l’oeuvre d’une pythie Ou d’un prophète
Dimanche 19 avril
Un prophète ? Un pro de la défaite vous voulez dire
Son effondrement annoncé en 2024
A cause de volcans géants
Qui se fait devancer dès 2020
Par un virus minus en plus cherchez l’erreur
Chercher l’erreur
Prémonitoire en quoi ? Tout au plus de sacrées coïncidences
Bien plus troublant que ça : les faits lui ont donné raison
Notre réalité s’est alignée sur sa fiction
A se demander qui est le maître des paramètres
Attendons tout de même 2024 avant d’ouvrir la chasse aux sorcières
A trop s’affoler dans l’élucubration c’est nous qui risquons la camisole
Le sédatif
Affirmatif
Faut qu’on fasse diversion
Qu’on transmette les premiers éléments au chef qui s’impatiente
Pour lui raconter quoi
Que ce texte est inoffensif
Trop de doutes sur la date supposée de son écrit
Un écart de quelques mois et ce n’est pas la même histoire
Pas du tout la même histoire
Trop de lectures possibles qui partent dans tous les sens
Trop confus trop désordre pour émettre un mot d’ordre
Des cendres, beaucoup de cendres mais pas de fumée
Ni de fumée sans feu
Ni d’enfumage
A classer sans suite
A classer sans suite
T’oublies l’ironie qui peut porter atteinte au moral des troupes
Le jeu de mots qui déjoue la grammaire des diktats
Le jeu délétère en état de guerre
En joue t’es un héros, tu joues t’es un salaud
Et nous à quoi on joue
Dimanche 26 avril
Et nous à quoi on joue
On s’aligne entre les lignes
On attire l’attention, on n’écarte pas l’hypothèse
A ce stade on suggère par précaution
D’adopter en urgence absolue
Une loi édictant que seuls les algorithmes sont fondés à prédire l’avenir de manière fiable
S’aplatir devant le binaire t’as pas mieux comme double jeu
Tire toi des calculs
Choisis ta folie libre et rit mon chéri
La note de service on oublie
Notre journal on publie
Vendredi 1er mai
Pause, ça va trop vite pour moi
Entre le relâchement du déconfinement qui se profile à l’horizon et la douce euphorie de la prophétie du monde d’après tout prêt à sauter des balcons
j’ai l’impression qu’on s’est laissé griser C’est ça ton plan : publier notre journal de bord
Tout balancer sur la place publique et se retrouver inculpés de haute trahison
Devant la cour martiale
Madame pense peut-être qu’il suffira de plaider que souffler n’est pas jouer
Dimanche 3 mai
Prière de redescendre d’un cran dans la dramaturgie Si tu rêves secrètement de mourir en héros il faudrait balancer du plus lourd
et à découvert
Primo on va s’abriter derrière notre pseudo
Secundo notre journal on peut lui donner la forme d’une nouvelle et une nouvelle c’est une fiction
de la fakenews autorisée jusqu’à preuve du contraire Pas la peine donc d’en faire tout un roman
D’autant que cette affaire n’est même pas crédible
Qui va se figurer une minute
qu’un grand professionnel du Renseignement comme ton chef ait pu la prendre au sérieux
Il devrait plutôt nous être reconnaissant qu’on ne vienne pas le relancer avec ton projet de note
Vraie note, fausse note, faux pas, faut pas, crois moi
Lundi 4 mai
T’oublies le poster sur Google
C’est pour le coup qu’il va être pour not’gueule
Faut le supprimer du journal
Mardi 5 mai
Qu’est-ce que tu crains
Qu’on remonte jusqu’à nous
Alors que la fuite aura pu venir de n’importe quel service Si ce n’est avec la bénédiction de la tutelle pas fâchée de montrer que toutes les données nationales ne sont pas encore vendues aux Américains
La vie c’est quand même pas de la nitro dans ton sac à dos
Tu peux te secouer sans qu’elle t’explose
Et puis sous la houlette de ton trouillomètre
Elle est où ton éthique
Elle est où
Tu tiens un journal tu t’y tiens
Tu donnes du tien
Pas de la daube du meilleur
Du meilleur
Une quête du mot, du geste justes
Natures, sans fioritures
Et au moment de le partager
Déconfiture
On édulcore
On euphémise
On lisse
On lisse
On glisse
Sans respect pour soi-même
Sans respect pour les lecteurs
Mercredi 6 mai
Et le respect du premier concerné t’en fais quoi
L’auteur de l’Effondrement des prophéties
Dans ton plan bourré d’éthique
Il est où
Jeudi 14 mai
Il est où
Bonne question
C’est pas sorcier
J’ai trouvé
Suffisait de le contacter
Jeudi 14 mai
J’espère au moins que tu avais ton masque
C’est de la haute trahison
Je suis effondré
Jeudi 14 mai
Décidément ça vire à l’obsession
Jeudi 14 mai
Pas de l’obsession
De la responsabilité sanitaire
De la rigueur professionnelle
Et de la loyauté personnelle
Ne pas approcher l’auteur c’était notre résolution
Vendredi 15 mai
Et on avait bien tort
Il est cool
Mine de rien très flatté qu’on s’intéresse à lui
Pas surpris que la réalité dépasse sa fiction
En fait ravi de ne pas être prophète au pays de ses propres prophéties
Te fatigues pas à paniquer il ne va pas nous faire chanter
Au contraire
Il est enchanté de rejoindre l’association Folibrairie
Je la monte avec lui
On publie son texte avec le nôtre
Et on lance à fond nos ateliers de lecture
En présentiel naturellement
Dès qu’on peut
Vendredi 15 mai
Les lecteurs consultés
Au moment où la démocratie n’est plus guère à la page
C’est ça ta provoc à deux balles
Une pour toi
Une pour moi
Vendredi 15 mai
Tu crois pas que t’exagères un peu dans la déprime
On devrait se réjouir de tenir bon la ligne
Zéro renoncement
Cent pour cent passage à l’acte
Et le tout à l’air libre
Samedi 16 mai
Et moi dans tout ça
Samedi 16 mai
Toi tu restes à couvert dans ton service en bon professionnel
T’arrêtes de te soucier de savoir si t’es mûr pour sauter les murs
Tu effaces toutes les traces de contacts internes
Tu écrases toutes les données de nos échanges
Tu peux continuer de courir avec ton indic préférée Et après
Samedi 16 mai
On trinquerait pour moins que ça
Dimanche 17 mai
(ensemble) Avec ou sans masque
Notre humanité n’a pas dit son dernier mot
Le souffle court toujours
Le souffle court toujours
Une sacrée bonne nouvelle
Pas vrai
Bison ravissant
Jean-Pierre Dardaud, octobre 2020