Fermettier (avril 2021)
Dimanche 04 avril 2021
18 h 30 : hier, première tonte. L’herbe pousse très peu, le sol est sec. Ai dû agrandir l’enclos des ânes. Au retour de vacances (où j’ai monté une serre sur un terrain lointain) sentiment que tous les moments de fermettage s’écrasent et m’écrasent. Il y a tout à faire : le potager, la maison, la grange, l’abri, la prairie, les ânes, les plantes. Tous attendent que je « fermette ». Après deux jours, cette masse diffuse de travaux se déplie enfin : chaque activité de fermettier retrouve, peu à peu ses contours, ses lieux, ses moments. Je me sens à nouveau le maitre des lieux ce soir. Je n’ai pas fait grand-chose, mais je sens que je me suis à nouveau inscrit dans le rythme des travaux et des jours.
Avant cette semaine de vacances : deux après-midis de bucheronnage. Ai un peu forcé avec la masse pour fendre le bouleau. (J’ai mis deux jours à m’en remettre). La sonorité grave des grosses buches qui se fendaient sous le coup de la masse s’est propagée dans la vallée d’une manière assez extravagante : à chaque fois, sensation que toute la vallée s’ouvrait en criant « Whhoouu ». Pour faire tenir le tas, ai appliqué la technique des buches en bais que m’a enseigné Robert Cochard (mon ancien voisin et ancien bucheron tâcheron). Elle (cette technique) et il (ce Robert Cochard) m’ont fait tenir debout ce tas de boulot.
Vendredi 09 avril 2021
17 h 30 : Ces deux derniers jours, le couvreur a commencé à découvrir une partie de la grange. Un coq (acheté sur le parking de bricomarché à Luceau) vient de compléter le petit cheptel de la fermette (5 poules, 3 ânes). Il a fallu dix secondes pour qu’il couvre la poule rousse. Moins sensibles à son charme, les deux ânesses l’ont coursé d’une façon assez menaçante. Il s’en est sorti. Ses plumes noires et sa crête rouge détonnent dans la prairie. Je le trouve sympathique. La terre est de plus en plus sèche. La pluie annoncée de longue date pour ce weekend, puis ces derniers jours « reprogrammée » au 15 avril pourrait, tout de même, être au rendez-vous. Dans cette attente, ai terminé, hier, de planter les pommes de terre à l’extérieur. Soixante mètres carrés dans des sillons de terre, et 40 mètres carrés dans de la paille. Je pourrai comparer.
Auparavant, mardi, ai vidé l’abri « bêtes ». ai déplacé, jeu et table de pingpong dans la grange. Une multitude de mini gestes que je ne vais pas décrire ici. Ensuite, raclage du fumier : un geste plus facile à nommer qui m’a permis d’agrandir le futur espace de potager déjà photographié je crois, le mois dernier. Ai aussi bâché deux rectangles entre les rangs de noisetiers. La zone de culture s’étend. Elle prend une forme qui commence à me parler. Ai recouvré aussi la forme après ces trois dernières semaines de « fermettage » très formel.
Dimanche 25 avril 2021
20 h19, avant-hier avec Evan et Lénaëlle, buttage des pommes de terre du tunnel. Lénaëlle s’attendait à ce qu’on les arrache. Elle a trouvé bizarre que l’on mette de la terre sur les jeunes pieds. Moi aussi à vrai dire. C’est la première fois que je procède ainsi sur autant de pieds. J’ai laissé deux rangs « témoins ». Trois jours plus tôt, arrosage de la lavande à l’extérieur. Ce furent mes deux seules activités de fermettier de la semaine. Ou alors, il me faudrait intégrer dans le référentiel de ce métier l’activité, l’accueil des petits-enfants dans la fermette. Les trois petits ont aimé passer du temps avec les trois ânes et ceci pour des raisons différentes. Evan pour dominer sa peur, Lénaëlle, pour câliner les ânes et Maëllia pour faire connaissance avec la peur et les câlins liés aux ânes. Dès le premier jour, j’ai eu très peur lorsqu’Evan m’a dit que coco venait de mordre les doigts de Maëllia. Plus de pleurs que de mal. Aucune marque. Et pas de drame : Maëllia a recôtoyé les ânes en évitant de leur donner à manger avec la main. Les petits ont pu voir le maréchal-ferrant couper les sabots des ânes. Ils l’ont entendu s’inquiéter de la grosseur des bêtes. Avec Evan, nous avons coupé le pré en deux pour les rationner. Avant la venue des petits, construction d’un poulailler avec des chevrons prélevés sur la grange que le couvreur continue à rénover. Quelques gouttes d’eau le 09 avril. Depuis, il ne pleut plus, ne pleut pas, ne pleut pas.