Heureuse découverte du site web Synapsis

Temps de lecture : 5 minutes

(Carnet « MÉDIAS LOCAUX »)

Lundi 22 avr. 2024

https://www.synapsis-energies-citoyennes-rurales.org

Nanou m’a rapporté, il y a quelques semaines cette affichette qu’elle a trouvée sur le comptoir du magasin de l’Âtre à Montval sur Loir. Elle a pensé que cela pourrait m’intéresser et elle avait vu juste. En commentant le visuel de l’affichette avec ce tracé en pointillé dessiné sur une carte, je lui ai immédiatement dit : « Ha, il y a de l’espace, c’est autre chose que… ». Comme mon épouse a acquiescé, je n’ai pas eu besoin d’en dire plus.

Depuis, j’ai essayé de consulter le site, mais je n’ai pas pu lire les textes de ce site Synapsis en entier, car les blocs de textes se chevauchaient sur l’écran de mon ordinateur. Je viens de faire une tentative via mon smartphone et là, bingo, les textes sont parfaitement lisibles. J’ai parcouru l’ensemble des pages. Elles visent à présenter des exemples « d’initiatives citoyennes et rurales » sur un territoire de 20 à 25 kilomètres autour de la ville de Château du Loir. Les articles sont écrits sous forme d’interview, c’est vraiment agréable à lire. J’ai lu, par exemple, avec plaisir l’article consacré à la Brasse’vie !

Sur la page d’accueil, on apprend que l’autrice de ces articles (j’ignore, à ce jour, son nom) a pris son vélo pour aller à la rencontre des gens qu’elle a interviewés. C’est enthousiasmant à un point qui m’a presque rendu jaloux, car ce projet était dans un de mes « cartons ». Que ce site Synapsis ait vu « le jour » prouve que le besoin de décrire son territoire (par le bas et par le proche en proche) faisait (et fait) partie de son « air du temps ». Je suis très heureux de voir qu’une collègue « terragraphe » ait fait le job !

Je vois dans les intentions éditoriales de ce site Synapsis des similitudes avec mon projet de page de site « Loinverlà ». L’autrice définit le » nom de son site « synapsis » en citant (entre autres) le verbe « attacher ». La similitude est marquante, car il se trouve que la première version de « cette » page « Loinverlà » était nommée « attachant loinverlà ». Pour réduire l’empreinte carbone de cette page (souci qui anime aussi le site Synapsis) j’ai supprimé, il y a deux ans, près d’une centaine d’articles et près de deux-cents photos attachées à cette page. Aujourd’hui, je le regrette : j’aurais pu partager ce contenu avec ce site que je viens seulement de découvrir (preuve de l’utilité d’un tel site qui rend dès à présent l’habitant que je suis moins ignorant sur son territoire).

Ce site cartographie [au sens propre] la localisation d’une vingtaine d’initiatives citoyennes attachées à ce territoire. Ce qui me plait, c’est que l’étendue de ce territoire n’est pas liée à un découpage administratif. En réunissant allégrement le sud de la Sarthe et le nord d’Indre-et-Loire, cette carte nous invite à dépasser ce que l’autrice nomme la « géographie mentale ».

Le territoire de ma petite page de Web « Loinverlà » suit cette même logique non étatique. En comparaison, l’étendue de ce territoire est bien plus restreinte que ce que propose la carte du site Synapsis. Autre différence, Loinverlà n’est pas un cadre à l’intérieur duquel on pourrait zoomer sur des lieux particuliers. Pour définir ce type de territoire [en train de se faire] que pourrait désigner la contrée Loinverlà, il me faudrait, peut-être, revenir, un de ces jours, sur ce que j’ai pu nommer des « Zones de Village Temporaire », [ZVT].

Pour le moment, je ne voudrais pas trop insister sur cette différence à propos de l’ontologie du territoire, car c’est avec une philosophie assez proche qu’a été conçu, il me semble, ce site Synapsis. Ce site qui propose des comptes — rendus de rencontre avec des « villages temporaires » peut-être vu, lui aussi, comme un énième « village temporaire ». La mise en scène de ces rencontres faite à vélo lui permet, en effet, de localiser son travail d’édition : ce qui lui évite de proposer une vision « supra globale » sur le territoire. En d’autres mots, le projet du site Synapsis ne se contente pas de localiser telle ou telle localité en prenant de la hauteur sur celles -ci. Il distribue ces localités (et se distribue lui-même comme localité) dans une sorte de globalité ouverte et ramifiée.

Le site Synapsis ne parle pas « d’analyse socialisée » ou de « distribution de localité », mais « d’énergie citoyenne ». Même si elle ne fait pas partie de mon lexique, je comprends « globalement » ce que cette expression veut désigner. Je ne dois pas être le seul. Le site Synapsis s’adresse, de fait, à ceux qui arrivent à associer avec plus ou moins d’embarras ces notions « d’énergie » et de « citoyenneté ».

Plus tard,

Je viens de relire mon journal consacré à l’édition de la page Loinverlà. Je me rends compte que, plutôt que de vouloir rendre un service aux habitants internautes de ma vallée [ce que propose Synapsis], cette page fut créée pour m’aider [et même me forcer] à rendre compte des modes d’existence, des formats, des énonciations, bref des tentatives de globalités que cette Vallée distribue. Ce qui me motiva, c’est le rejet des tentatives d’écrasement par l’un ou l’autre de ces modes d’énonciation.

Lorsque j’avais créé et animé [avec mon ami Fabien Maisonneuve] le site Web de la commune de Lavernat, j’avais veillé à ce que le maximum de modes d’énonciation y trouve une place. Cela nous avait été reproché. Peut-être à raison. Le site offrait une telle densité d’énonciation qu’on pouvait s’y perdre. Pour nous, c’était la preuve que le site « d’écriture communale » n’était pas trop « déconnecté » du bouillonnement des énonciations de « nos » administrés. L’équipe municipale qui a suivi s’est empressée de proposer un site beaucoup moins « bruyant ». Des centaines d’articles ont ainsi été écrasés. La première version de la page Loinverlà en a recyclé quelques-uns, puis je les ai écrasés, à mon tour, quelques mois plus tard…

Lorsque nous « tenions » notre site, nous nous adressions aux administrés d’une commune en tant qu’élus. L’autrice du site Synapsis s’adresse, pour sa part, à tous les habitants du coin [et même d’ailleurs] en tant que représentante de la « ruralité délaissée ». C’est assez courageux de sa part. Mais pour le coup, l’autrice fait comme si l’étape politique qui aurait consisté, pour les habitants du coin, à caractériser leur coin avait déjà eu lieu. En lisant un paragraphe du site sur les constats, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander : où, quand, quand, comment et par qui cette « ruralité délaissée » a-t-elle nommée ainsi dans la Vallée ? L’autrice pose des constats pour lesquels je pourrais souscrire, mais il me semble qu’elle va un peu vite [Je force surement ici le trait, car je n’aime exagérément pas que l’on écrase cette possibilité, pour tout un chacun, de décrire le monde qu’il habite].

Pour autant, c’est précisément la liquidation de cette étape politique qui rend le site Synapsis compréhensible et nécessaire. Ayant posé ce constat d’une ruralité délaissée, le site montre des exemples de ruralités que l’on pourrait qualifier de « cultivées ». Ce site offre, donc, à ce titre, un précieux service aux gens du coin.

Un vélo, une envie d’aller vers ce qui marche, des petites routes, des rencontres, des interviews, des sons, une cartographie des Zones de Villages Temporaires [ZVT] et, de proche en proche, des ramifications espérées avec d’autres ZVT situées dans les localités plus lointaines : je ne peux que souhaiter une longue et belle vie à ce site Synapsis ! 

https://www.synapsis-energies-citoyennes-rurales.org

Bertrand Crépeau 

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