Mes trois journaux

J’ai écrit en parallèle trois journaux :

  • Un journal de danse qui est mon journal de terrain. J’y suis dans mon paradigme de danseur, mon paradigme spirituel. J’y ai consigné non seulement mes impressions durant la danse (le soir au moyen d’un dictaphone, enregistrements que j’ai transcrits en les complétant, de retour en Europe), mais aussi mes sentiments, rêves et pensées associés tout au long de l’année.
  • Un journal de doctorant, plus vaste et plus distancié où je rends compte entre autres, de mes pensées en rapport avec mes lectures, mes séances de travail avec d’autres étudiants ou en séminaires doctoraux.
  • Et un journal d’accomplissement où je note tout ce qui me vient autour de ce concept. Il s’y trouve aussi une correspondance avec divers étudiants sur ce sujet.

Dans ces deux derniers journaux, je suis dans mon paradigme de chercheur. Parfois cependant la dissociation entre mon identité de chercheur distancié et mon identité de participant impliqué dans une démarche spirituelle n’est pas si nette et des passerelles se construisent entre ces deux mondes que j’essaye néanmoins de maintenir séparés pour des besoins de clarté et d’authenticité. Clarté parce que la science n’est pas la spiritualité et la spiritualité n’est pas la science, même s’il y a des recoupements. Authenticité parce que, quand je pratique ma spiritualité, quand je danse par exemple, il faut que je m’y donne parce que je crois à tout cela et je veux m’y donner. Ce n’est pas le moment dans la danse de prendre une posture de chercheur distancié. Cela me « casserait » tout, rendrait cette expérience extrême intolérable et je me sentirai comme un corps étranger, un espion. Cette expérience de me sentir « corps étranger » dans la danse m’est arrivée spontanément une fois durant mes quatre premières années et m’a littéralement terrassé. [1]

Mes journaux sont indexés, les thématiques abordées sont visibles dans leurs tables des matières. J’ai pu ainsi facilement y piocher des esquisses de réflexion qui s’y trouvent pour les confronter à la connaissance constituée (lectures), au recueil d’expériences de mon enquête et à ma propre réflexion, et développer le résultat de tout cela dans la rédaction des chapitres de ma thèse.

Je me réfère en cela à la pratique du journal de recherche telle qu’exposée par R. Lourau [2], et par R. Hess [3].

Mais pour terragraphe mon projet est plutôt de faire une sorte de feuilleton. De poster chaque semaine (si j’y arrive et pas en aout ou je serai en vacances) un petit extrait de l’un ou l’autre de mes journaux. Je ne respecterai peut-être pas toujours l’ordre chronologique. 

Journal de danse

14.07.11

Je dois faire attention à ne pas trop être pénétré de la gravité de mes pensées tournant autour de la danse du soleil que je me suis décidé lundi dernier à commencer l’année prochaine. Sinon comme ce matin, je vais trouver les cris des adolescents, arrivés à mon boulot, futiles et dérangeants.

15.07.11

J’ai fait exprès de ne pas mettre de lunettes de soleil hier pour les grillades avec nos apprentis alors qu’il y avait un chaud et éblouissant soleil d’été. J’ai du mal, j’ai plissé les yeux constamment ou presque.

Loïc de Bellabre


[1] Voir l’entrée de mon journal du 02.08.14, troisième danse.

[2] LOURAU (R.), Le journal de recherche, Matériaux d’une théorie de l’implication, Paris, Méridiens Klincksieck, 1988.

[3] HESS (R.), La pratique du journal, L’enquête au quotidien, Anthropos, Paris, 1998

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